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INTERVIEW
Bonjour Bertrand,
-Bonjour
Huitième roman, on a presque l’impression que ce roman est une renaissance. C’est un peu ça ?
-Oui, oui (sourires) c’est exactement ça, à vrai dire. Depuis quelques années je m’ancre au présent, dans l’instant.
Vous suivez une thérapie ?
-Mieux que ça ! J’aime. C’est la meilleure des thérapies non ? (sourires)
Pour vos lecteurs, ce livre tranche un peu avec les précédents, expliquez-nous.
-Il y a presque vingt ans, j’ai envoyé le manuscrit de mon premier roman, un roman autobiographique à une poignée de professionnels de l’édition. Un peu comme une bouteille à la mer. À vrai dire j’avais écrit ce roman pour mes enfants et un peu pour moi, pour mettre des mots sur mes maux, avec le recul. Curieusement, j’ai reçu trois réponses positives. J’étais très surpris car je sais qu’un seul manuscrit sur mille devient un livre à compte d’éditeur. Les deux premiers voulaient que je retouche une bonne vingtaine de pages. Puis j’ai eu l’appel de Pascal GUILBERT, intéressé pour le publier.
En fin de conversation, je lui explique que j’ai déjà deux propositions, que ses deux confrères souhaitent que je modifie plusieurs dizaines de pages. Mon fidèle éditeur a eu cette réponse : « Un galériste ne demande pas à un artiste peintre de retoucher une partie de son tableau. Imaginez qu’on ait demandé à Picasso de changer ses premiers tableaux... Il a eu des périodes différentes, son œuvre à évolué. Vous allez changer, vous allez évoluer, le contenu de vos livres va changer avec vous, et puis lorsque vous arrêterez l’écriture, il restera votre « œuvre » avec tous ces petits bouts de vous. Si vous continuez à écrire, vous n’êtes qu’au tout début de ce processus. Lorsqu’un peintre vieillit, il met souvent plus de couleurs parce que sa vue baisse. C’est ainsi. Ce qui m’intéresse, c’est de suivre l’homme. »
Vous vieillissez alors ? (sourire)
-Indéniablement ! ma seconde fille vient de me le rappeler en m’offrant un nouveau rôle. Celui de grand-père. A minima, je mûris. Tant que je ne moisis pas, tous les espoirs sont permis, non ? (Éclats de rire partagés) Pour être plus sérieux, je suis moins dans le passé et dans l’avenir, beaucoup plus dans l’instant. J’ai posé mes sacs et je m’ancre dans la vie. En vie – envie.
C’est quoi ?
-Un truc de psy, mais c’est tellement vrai. Je suis vivant. Je renais.
Alors, parlez-nous de ce... joyeux bordel !
-Un Joyeux bordel, c’est parti de la première rencontre avec ma nouvelle compagne. Il y eu un feeling puissant, l’envie d’avancer, de ne pas être juste des « à côtés », de révolutionner nos vies et puis devant nous, la montagne, l’Everest et tout ce que cela allait engendrer. En nous et autour de nous. Elle a eu cette phrase « c’est sûr que si on avance, ça va être un joyeux bordel. » (Sourires). Dans l’euphorie du moment, j’ai trouvé l’expression tellement sympa, je me suis dit immédiatement que c’était osé que ça tranchait indéniablement avec mes titres précédents mais que ça ferait un excellent titre de livre. C’est fait ! (sourires)
Pourquoi vous souriez ?
-Parce qu’en plus d’être une phrase lancée en l’air comme ça... c’était visionnaire. (éclat de rire.) Ce fût un joyeux bordel. Voilà, vous savez tout sur la conception de ce roman.
Alors... on parle d’amour ?
-Oui et d’amitié mais avec un humour sans filtre. Sept amis de toujours ou presque, qui, pour aider une amie journaliste en grosse galère, se lancent à la recherche du grand amour. Au début, un défi comme une grosse farce et puis peu à peu ils sont pris à leur propre piège. C’est un peu la vie qui est comme ça. On avance, on bouge des lignes, on prend des leçons, des claques, si on ne comprend pas les leçons on se reprend des claques. L’amitié ça permet de se protéger un peu, de s’inspirer des expériences des autres. Certains regardent des podcasts, moi j’ai besoin d’ « Humain. » C’est ce qui m’inspire. Ces sept amis sont tous d’authentiques fadas. Soyons francs ! Oui, de vrais tarés, bien intégrés globalement à la société. ( sourire ) C’est ce qui les rend tellement clichés, dangereux, tellement givrés et pourtant il y a dans tous nos amis un peu d’eux.
Vous êtes sérieux ?
-Oui, oui. Je dois confesser que j’ai quelques amis un peu spéciaux dont deux - trois très croustillants. Ça aide, j’avoue. Je m’inspire parfois à bon compte. ( sourire ) Et puis le romancier prend le pas...
À la fin de votre roman, on lit : à suivre... Il y aura donc une suite ?
-Plutôt... trois suites, pour les trois années suivantes. Ce roman s’étale sur une poignée d’années, traverse la période surréaliste du Covid 19 et suit le président actuel sur son premier quinquennat. J’ai trouvé très sympa l’idée de mêler la fiction à la réalité, de ne rien prendre au sérieux, même le sommet de l’état. C’est assez jubilatoire comme écriture. Je trouve qu’on vit dans une époque où les artistes s’auto-censurent pour un oui pour un non. Je suis un être libre. « Quoiqu’il en coûte » (sourire) C’est comme ça qu’on dit non ? (Sourire) Les gens multiplient les soucis, ils ont besoin de rire, a minima de sourire, ils ont besoin d’une pause dans leurs emmerdes. Écrire, c’est mon yoga. C’est mon moment hors du temps dans la journée. Avec ces quatre romans, j’espère les amuser sur la durée. Mon rêve c’est qu’ils se marrent sur leurs transats, qu’on les prenne eux aussi pour des fous et qu’on leur demande les références du bouquin.
Merci beaucoup.
-Merci à vous.
Interview réalisée par A-H PAGLIARDINI dans les salons